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Voyageurs des strates
27 juillet 2019

Behia - 27 juillet 2019

Behiako Leiza, ou le trou de la vache…

Participants visibles (seulement à la frontale) : Valérie P., Thomas, 
Darioush

Crachin épais et ciel de plomb, de parfaites conditions pour aller s’enfouir sous la croûte terrestre en cette journée de samedi. Ce sera 
toujours plus sportif que de rester planqué sous la couette, quoique…
Il est 8h et des poussières quand je rejoins mes coéquipiers Valérie et Thomas au local du célèbre Leize Mendi. Pas moyen de dissiper totalement le brouillard de la nuit passée, aussi un petit noir aurait été le bienvenu si la machine du club ne s’était pas sournoisement entartrée…

La bonne nouvelle, c’est que Valérie a apporté les croissants, et surtout que nous partons pour un classique dont je rêvais depuis des 
lustres : oui, c’est bien le fameux Béhia qui nous attend aujourd’hui !
Nous cheminons habilement entre les gouttes à bord du camion-lit-aux-vitres-embuées de Thomas.
Quelques kilomètres de lacets plus loin, en bordure de la forêt d’Orion, se trouve notre point de chute...ou plutôt de descente. La marche d’approche, réduite à sa plus simple expression, nous mène  à 20m de la route sous un arbre courbé. « C’est par ici qu’il faut entrer ! » nous crie le chocard (ou le crave ?) effarouché. L’envergure de la bouche minérale peut nous laisser présager de la suite…

Le réseau resté longtemps en exploration est toujours équipé en fixe, après le 3ème puits, sans doute plus pour longtemps. Au moins 
serons-nous plus légers à la remontée. Une, deux vidanges de vessie et nous nous retrouvons du côté obscur.
P19, P7, P25, Thomas s’attelle à l’équipement et descend le premier. Ce P25 nous donne du fil à retordre, ou plus exactement de la corde à rallonger. Il va falloir gagner un dernier mètre par une pirouette technique à base de chaîne de mousquetons...Valérie qui nous surplombe encore s’en charge avant de nous rejoindre.
Thomas en profite pour m’enseigner une nouvelle configuration du descendeur : passage de la corde en O car diamètre et longueur de corde font un bond à partir d’ici. De quoi aborder ce gigantesque P72 sereinement ! J’ai l’impression de prendre l’ascenseur au milieu des abysses, ma frontale ne parvenant pas à percer l’obscurité du fond de cette salle monumentale. Je prends de la vitesse tout en voyant défiler les mètres de corde. Étroit au départ, le puits s’évase peu à peu en un cône très volumineux. L’atterrissage s’effectue en douceur mais le descendeur a pris un coup de chaud !
Mes coéquipiers ne sont plus que deux étoiles lointaines dans ce ciel de pierre…

Les goulots s’enchaînent dans une interminable descente. Une déviation par-ci, une déviation par-là.
Quelques vasques d’eau cristalline ponctuent le parcours. Un joli P44 avant de bientôt atteindre la base des puits. Presque 3h30 de descension mais le temps semble s’effilocher, jouer de l’accordéon. Les repères spatiaux, eux aussi, deviennent parfois troubles. Serions-nous déjà passés ici ?
Mousserons et pâquerettes peuvent même s’inviter par 400m de fond... 
Après cela, le premier passage plus exigu de la cavité. Nous nous faufilons au travers de cette chatière rocheuse pour déboucher sur notre réfectoire de fortune. Pas le temps de piquer un roupillon, l’objectif étant d’atteindre le bivouac.
De nombreuses empreintes dans l’argile témoignent de la fréquentation régulière de ces galeries. Des pas qui se sont parfois perdus...
Nos prédécesseurs ont eu la bonne idée de baliser le parcours car tous les chemins ne mènent pas à la Rome souterraine ! Mieux vaut ne pas s’égarer dans ce dédale de plus de 11km. Au fil de notre progression le parcours se fait de plus en plus labyrinthique. Les puits ont laissé la place à de grandes galeries qui se divisent, se multiplient, se croisent et se recroisent. Le développement horizontal devient plus important. Je pars en tête en essayant de repérer les lucioles artificielles, tandis que les voix de Valérie et Thomas résonnent toujours non loin dans mon dos.
De petites curiosités ça et là : la trace d’un ancien bivouac, une chrysalide de libellule et une surprenante mousse blanche au sol 
rappelant des billes de polystyrène...des moutons de calcite ?
Le chant d’un ruisseau se fait entendre, suis-je en train de rêver ? Le bivouac est en vue, moins 500 et des bananes, nous y sommes ! Des tentes de camping fort accueillantes mais pas un brin d’herbe. Je ne pensais pas arriver jusqu’ici mais je ne vais pas m’en plaindre. La pause s’impose. Il est temps de déguster une petite madeleine, baptisée « madeleine 500 », et de se réhydrater. La remontée ne va pas être de tout repos.

Nous rejoignons la salle dans laquelle nous avons déjeuné au bout d’un temps...indéterminé !
Le dos calé contre la roche humide, extinction des feux pour une minute de méditation, puis quelques minutes de discussion existentielle.

Je repars devant tandis que Valérie et Thomas tentent de clore le débat. 
Les premiers puits ne sont pas trop énergivores. Au bout de trois je pense déjà être arrivé au pied du P72, non, seulement un petit 44m. Il faut commencer à se demander comment travailler efficacement et ne pas perdre d’énergie inutilement en tirant sur les bras ! Au moins je réussis miraculeusement à ne pas m’emmêler. Une heure, deux heures ou peut-être trois heures plus tard je me retrouve au pied du vase titanesque. Je m’engage sur la corde plein vide. Un vrai élastique.
Plusieurs mètres de corde sont déjà avalés alors que je n’ai même pas décollé du sol…
Une fois en suspension, je dois ressembler à un yoyo pendu sur sa ficelle. La corde défile sous mes bottes mais moi, je ne monte presque pas ! Des vibrations sourdes se propagent sous ma combinaison, je prends conscience que c’est seulement mon palpitant qui tambourine joyeusement contre ma poitrine. Les 20 derniers mètres sont bien plus confortables, enfin une impression d’élévation...
Valérie et Thomas me rejoignent comme par magie, mais eux ont choisi la version fractionnée…

La sortie n’est plus très loin, j’aperçois la paroi suintante et luisante du puits d’entrée. La météo est visiblement toujours aussi 
clémente.

Retour au local après pas loin de 8h d’aventure. Un apéro dînatoire bien 
mérité ne se refuse pas !

Darioush

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