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Voyageurs des strates
23 mai 2021

Gouffre de la Ménère - TP 30 - Hautes Pyrénées

TP30 ou gouffre de la Ménère :

C'est ou ? 
Comme son nom l'indique et vous l'aurez deviné c'est du côté de St Pée de Bigorre, en limite des départements 64 et 65.
Réputé pour ses très nombreuses cavités, ce secteur est convoité par les spéléologues depuis longtemps, cependant le TP 30 n'attire pas grande populace. 
Comme il faut crapahuter durant 2 heures la fréquentation de ce trou est faible, possible même que sa dernière visite remonte au siècle dernier (les années 90 tout de même).
Il se dit que la trémie de fond souffle !
Valerie et Thomas se projettent, lancent un appel et montent un petit groupe afin d'équiper les 500 mètres de cordes fixes et pouvoir ainsi continuer l'exploration. Le Spéléo Corbières Minervois (SCM) et Leize Mendi se manifestent. La moyenne d'âge est de 30 ans et les plus jeunes sont déjà bien expérimentés. 
Thomas s'occupe de trouver le matériel nécessaire à la réalisation de ce projet auprès de partenaires. Merci à eux.

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Participants :
Adrien, Damien et Lili (SCM),
Valérie P, Thomas, David I.
Il est prévu deux jours pour ce projet .
JOUR 1 : 
Samedi 22 mai, RDV 9h à la carrière d'Asson.
Préparation du matériel technique et de bivouac (nous dormirons dans la cabane de berger sur le plateau d'Isarce).
Nous sommes six et beaucoup de matériel à transporter mais nous choisirons de ne faire qu'un seul portage, les jeunes sont affûtés, équipés de claies de portage ils chargent les mules au maximum. Un arrêt est prévu à la cabane d'Isarce afin de réserver les lieux.
L'itinéraire de montée est assez facile à comprendre, il débute par un sentier forestier et poursuit par une piste quasi carrossable en cours d'aménagement, puis reprend à nouveau par une sente forestière. Nous mettrons 1h30mn pour monter. Dans quelques temps cette piste aboutira sur le plateau d'Isarce pour faciliter l'accès des bêtes aux pâtures. Quads, tracteurs et 4x4 pourront probablement l'emprunter. 

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La cabane de berger est rustique, le livre d'or indique de fréquents passages, dépourvue d'eau et d'électricité, située à 1287 mètres d'altitude, elle cadre parfaitement au projet. Petite et spartiate, avec un couchage principal, table et bancs, cheminée, elle conviendra parfaitement. 
Lili et Damien soucieux de leur intimité montent une tente à l'extérieur, prétextant une chaleur plus confortable. 

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La préparation du matériel prend un peu de temps et nous profitons pour casser la croûte. Le temps est froid et le ciel se couvre. 
Sur l'itinéraire d'approche, 100 m sous la cabane nous faisons un ravitaillement au niveau d'une prise d'eau bien visible, l'écoulement est faible donc il ne faut pas être pressé. 
15 mn nous sépare de la cabane à l'entrée du trou et nous voilà prêt. 
Nous remontons les pentes NE jusqu'à basculer derrière la crête, le trou est là, à flanc de combe. L'accès par un système de vires est scabreux et méritera une sécurisation ou un autre cheminement. 
Il commence à pleuvoir, va falloir y aller.
Thomas est prêt à en découdre une nouvelle fois avec ce trou qu'il a déjà visité à plusieurs reprises avec Valérie. Perforateur en main il équipe la première tête de puits et s'élance dans le P40, celui-ci n'est pas large. Le rythme est donné et va falloir suivre ! 
Le but étant d'équiper convenablement il prend néanmoins le temps de bien faire et nous le talonnons. La faille s'élargit, nous enchainons avec les P71 et P11. L'équipement varie suivant les configurations et le matériel restant. Les serrages sont contrôlés plutôt deux fois qu'une, les déviations sont ajustées pour limiter les frottements, pas toujours évident dans ce trou, plaquettes cœur, vrillées, coudées, clowns, AS, AF tout y passera. 
Nous arrivons à la partie sérieuse, le P147.
Il n'a pas l'apparence d'un gouffre béant et ne nous paraît pas plus inquiétant qu'un autre, les relais peuvent être décalés et à chaque palier nous pouvons purger les caillasses instables. 
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Par endroit ça mouille les grenouilles et le froid s'empare de quelques uns. Arrosée, la roche devient glissante, avec l'impression que la météo extérieure y est pour quelque chose. Le temps passe vite sous terre et nous choisissons de scinder l'équipe en deux. Tandis que trois d'entre nous continuent à descendre, les autres se sacrifient et remontent afin de préparer la tanière et un bon feu. 
Thomas toujours fort, perfore, jusqu'à épuiser la batterie de son Parkside !
Le puits est profond, mais les fractionnements sont généreux, ce qui limitera la fatigue lors de la remontée. Nous prenons enfin pied au fond du P147, à presque 300 mètres sous terre et nous avons épuisé le stock de cordes emporté pour cette première journée. L'envie de continuer est là, mais à court de matériel et vu l'heure tardive il nous faut remonter.
La route, la marche d'approche, l'équipement et la descente et maintenant 300 mètres de remontée, le corps commence à s'épuiser, le dernier passage en sortie (ou entrée comme vous voulez) un peu étroit et mal foutu rappelle qu'il est toujours nécessaire de garder une marge.
Nous sortons à 23h30, trempés, il fait nuit-froide et nous pouvons apercevoir au loin la lueur du cabanon. Très vite nous pouvons sentir cette bonne odeur de feu de cheminée, quelques branchettes ramassées en passant et nous voilà au chaud. Les copains ont lancé les grillades, préparé les repas lyophilisés. Valérie se réchauffe, emmitouflée dans son sac de couchage, frileuse la petite bête ! Pas de bières emportées pour cette expé, les sacs étaient déjà bien assez lourds. S'hydrater à l'eau de source s'avère mieux pour récupérer. Le souper avalé, Damien et Lili s'enfuient sous leur tente, j'espère qu'ils sont en couple et que je ne dévoile pas l'incorrect !.
Thomas et Valérie s'installent une literie de sol et Adrien et moi profitons du gros matelas. Quelques bois rajoutés et le feu crépitant nous nous endormons rapidement. Pas longtemps néanmoins, Adrien avait prévenu qu'en général 20mn après son coucher, pipi obligatoire ! Chose dite, chose faite, nous voilà réveillé !

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Allez, faut dormir maintenant , et sans bruits! 
Comme le disait Jean Yanne : 
"C'est très bien d'avoir un chien qui ronfle, comme ça on peut dire que c'est lui ! "
TPST : 8H
JOUR 2 : 
Dimanche 23 mai, cabane de l'Isarce. 
La nuit a été reposante est nous sommes prêt à redescendre dans ce magnifique TP30, pressés d'aller coincer nos culs dans les belles étroitures au passage des vomissures. 
Damien est matinal est gratte à la porte .
Ptit déj avalé, nous préparons à nouveau le matériel nécessaire pour la suite de l'aventure. La fiche d'équipement n'est pas claire, mais Thomas gère bien, additionnant, soustrayant des fois pour être sur des longueurs de cordes.
Le perforateur du SCM est réquisitionné, ce modèle low-cost type Einhell BT-HD est transformé en Lipo, lui assurant une plus grande autonomie apparemment. 
Inutile de partir à la queue-le-leu, le groupe est à nouveau séparé. Thomas, Damien et moi formont la première équipe, cela permettra de continuer l'équipement sans prendre froid. Adrien et les filles nous rejoindront plus tard.
Les puits jusqu'à la base du P147 sont équipés et notre progression est rapide.
Petits franchissements et rampings et Thomas à nouveau fort, perfore ! Deux petits puits sont équipés, mais là CATASTROPHE ! les deux kits de cordes connectés entre eux se font la malle , roulant l'un sur l'autre ils ont du se démousquetonner de la main courante. Ou alors on ne les avaient peut-être pas sécurisés, possible aussi mais moins facile à avouer. L'inconvénient s'est qu'il sont tombés au fond d'un P30 borgne ou il n'était pas prévu d'aller et la longueur de nos cordes en place est limite. Il s'agit là de kits contenant les dernières cordes prévues pour la suite, l'aventure peut s'arrêter là ! 
Expérience de Thomas + coup de bol, cordes en place et bidouilles, Thomas réapparaît sourire aux lèvres et kits dans les mains, l'aventure continue.
L'autre équipe nous rejoint, nous ferons route ensemble, direction les Vomissures. 
Devant nous s'ouvrent de beaux puits profonds, de 30 à 40 mètres qu'il faut dévier pour ne pas mouiller nos beaux habits. Il y aura même un passage de nœud à franchir. Parfaire l'équipement avec un matériel restreint prend un peu plus de temps, il faut réfléchir et être sûr de ne rien manquer. Damien et Thomas sont les mêmes, passionnés, toujours dans l'exécution, le cerveau en ébullition, ça réfléchit au point que de la fumée s'échappe des casques, ou serait-ce l'évaporation des corps trempés ?
Une vieille chambre à air rempli de carbure de calcium a été laissée là en réserve, prête à servir.
Mais voilà les calebondes ne sont plus légions, même que nos jeunes coéquipiers du jour ne les ont jamais essayé. 
Nous y sommes ! 
- 500 mètres, et le fameux passage des Vomissures devant nous. 

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LES VOMISSURES :
Malgré un peu de fatigue la bonne humeur est toujours là. 
A ce stade ce qui devait être fait est fait ! Les 500 mètres de verticalité sont équipés et permettront aux suivants et à nous-même de continuer l'exploration, d'accéder rapidement sans avoir à trimballer un matériel conséquent. 
Le passage des Vomissures n'est donc pas une obligation du moment. 
Valérie l'a déjà fait, Lili pas très chaude , elles décident de remonter tranquillement. 
Thomas hésite mais pas longtemps, nous tombons donc nos baudriers devenus inutiles et nous engouffrons dans ce passage magnifique, assez serré par endroits et suivant la rivière. La géologie a changée, concrétions, et calcite sont de toute beauté, par endroit le sol ressemble à une régurgitation d'après fêtes de Bayonne, peut-être est-ce là l'origine du nom de ce passage ?
Faut pas être trop couvert pour passer à certains endroits, ça frotte mais ça passe bien, avec derrière des élargissements et des cheminements faciles. La roche est propre sur l'ensemble du parcours. Ce passage mérite à lui seul une visite.  Fin de course et nous faisons demi-tour. 
Sur notre retour Thomas en bon connaisseur des lieux prend de l'avance, nous le perdons de vue et nous égarons. Ici à force de contemplation il est aisé de se tromper mais quelques vieux bouts de rubalise rappellent notre attention. 
Il faut compter 1h -1h30 aller-retour.
D'après le plan, la suite s'annonce belle, ça descend sur plus de 200 mètres jusqu'à butée sur une trémie. Trémie qui souffle laissant entrevoir une suite, une traversée ?
Les filles ont quitté les lieux et pris de l'avance. Nous prenons le temps de manger et boire car la remontée sera longue ! Je passe le premier, suivi de Damien, Adrien et Thomas profiteront pour peaufiner l'équipement. Je calme ma soif en buvant l'eau de ruissellement, espérant que les filles n'aient pas choisies d'assouvir une envie pressante un peu plus haut ! 
Ca piaille fort et j'aperçois le halo de leurs lampes. Assises, ça discutaille et se repose.
Malgré leur bonne compagnie, et pour éviter les embouteillages je passe devant en mode locomotive diesel. Tout le monde suit tranquillement. 
La lumière du jour apparaît enfin, et à nouveau la sortie étroite pose problème, il faut être propre et ne pas s'emmêler les pinceaux, aux risques de galérer, ce serait dommage à deux mètres de la sortie. 
Le temps est sec en ce début de soirée, ça fait plaisir. 
A chaque tête qui sort s'accompagne un petit son, signalant le franchissement du dernier passage.
Retour à la cabane et rangement du matériel sous les derniers rayons de soleil. Ça discute toujours, émettant des hypothèses sur la suite.
Les copains passeront une nuit de plus dans cette sympathique cabane tandis que j'opterais pour un retour maison.
A nouveau cela aura été une belle aventure sous terre, sportive mais accessible, transmissions et partage de connaissances, belles rencontres, bonne humeur. 
Équipé, le TP 30 mérite désormais plus de visites, que ce soit pour continuer l'exploration ou simplement pour visiter ce beau passage des Vomissures à - 500.
TPST : 8H
David I.
Photos de Valérie P / David.
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